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Repas de Noël et Racisme : Quid de la Responsabilité de l'Employeur ?

Christophe MARTIN CHEVALLIER, avocat en droit du travail à Bayonne, répond à cette question

Les faits : un repas festif devenu le théâtre de propos racistes.

Dans cette affaire, une salariée,  employée en contrat à durée déterminée, a dénoncé des propos racistes tenus par sa supérieure hiérarchique lors d’un repas de Noël organisé par le comité social et économique (CSE). La salariée, profondément affectée, a été placée en arrêt maladie jusqu’à la fin de son contrat.

Le litige portait notamment sur la qualification de cet événement festif : s’agissait-il d’un cadre professionnel engageant la responsabilité de l’employeur, ou d’une situation relevant de la sphère privée ? La cour d’appel avait jugé qu’il s’agissait d’un événement hors temps de travail, excluant ainsi la responsabilité de l’employeur pour les propos racistes et discriminatoires. La Cour de cassation, en revanche, a cassé cette analyse, estimant que le repas de Noël organisé par le CSE devait être considéré comme une extension du cadre professionnel. Avocat en droit du travail à Bayonne Pays Basque, je vous livre mon analyse sur cette jurisprudence.

1. Le repas de Noël : un événement à caractère professionnel

Pour la Cour de cassation, plusieurs éléments permettent de qualifier le repas de Noël comme relevant du cadre professionnel :

  • L’organisation par le CSE : Le comité social et économique est une instance représentative du personnel financée par l’employeur, dont les activités sont directement liées à la vie de l’entreprise.
  • La finalité de l’événement : Ce type de repas vise à favoriser la cohésion d’équipe et l’intégration des salariés, ce qui en fait une activité complémentaire au travail.
  • La présence de supérieurs hiérarchiques : La participation d’une cadre dirigeante à l’événement renforce son lien avec la sphère professionnelle.

Ainsi, bien qu’informel et festif, cet événement s’inscrivait dans une démarche professionnelle, engageant la responsabilité de l’employeur.

2. Obligation de sécurité et responsabilité élargie

  • Dans cette affaire, l’employeur a été reconnu défaillant pour plusieurs raisons :

    • Absence de prévention : Aucune mesure claire n’avait été mise en place pour prévenir ou sensibiliser les participants aux comportements inappropriés.
    • Absence de réaction : Après la dénonciation des propos, l’employeur n’a pris aucune mesure pour enquêter ou sanctionner.

    Ces manquements ont suffi à caractériser une violation de l’obligation de sécurité, entraînant la reconnaissance d’un préjudice pour la salariée et justifiant la rupture de son contrat au tort de l’employeur.

3. Les enseignements pratiques pour les employeurs

  1. Renforcer l’encadrement des événements festifs

Les repas de Noël ou autres événements organisés par le CSE doivent être considérés comme des extensions du cadre professionnel. Les employeurs doivent donc veiller à ce qu’ils respectent les obligations légales, notamment en matière de lutte contre les discriminations et le harcèlement.

  1. Mettre en place des politiques de prévention
  • Charte de bonne conduite : Instaurer des règles claires sur le comportement attendu lors des événements festifs.
  • Formation des managers : Sensibiliser les supérieurs hiérarchiques à leur rôle exemplaire dans ces contextes.
  • Dispositifs de signalement : Prévoir des mécanismes anonymes pour permettre aux salariés de dénoncer des comportements inappropriés sans crainte de représailles.
  1. Réagir rapidement aux signalements

En cas de propos discriminatoires, l’employeur doit :

  • Mener une enquête interne pour établir les faits ;
  • Prendre des mesures disciplinaires adaptées ;
  • Apporter un soutien au salarié concerné.

4. Les droits des salariés victimes

Les droits des salariés victimes

Cet arrêt offre une protection accrue aux salariés confrontés à des comportements discriminatoires lors d’événements liés au travail. Les propos ou actes tenus dans ces contextes, même festifs, ne peuvent être relégués à la sphère privée et doivent être pris au sérieux par l’employeur.

Conclusion

L’arrêt du 15 mai 2024 marque une étape importante dans la définition de la responsabilité de l’employeur en matière de discrimination et d’obligation de sécurité. Il rappelle que les événements festifs, bien que perçus comme informels, peuvent engager la responsabilité de l’entreprise dès lors qu’ils sont organisés dans un cadre professionnel.

En tant qu’avocat expérimenté en droit du travail, je vous accompagne pour :

  • Mettre en conformité vos pratiques ;
  • Gérer vos obligations légales en matière de prévention des discriminations ;
  • Défendre vos intérêts dans des situations similaires.

Si vous souhaitez en savoir plus sur vos obligations ou vos droits, n’hésitez pas à me consulter.

Christophe MARTIN-CHEVALLIER
66, allées Marines
64100 BAYONNE
Tel : 05 59 59 46 00
Mail : martinchevallier.avocat@gmail.com

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